Elle a appris dans les journaux le choix de Paris comme lieu d’implantation du futur musée-mémorial des victimes du terrorisme. Anne Murris a perdu sa fille sur la Promenade des Anglais le 14 juillet 2016. Elle travaille depuis quatre ans à un lieu de mémoire à Nice.
Ce jeudi 11 mars 2021, journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme, Anne Murris pense tout d’abord à sa fille.
Le 14 juillet 2016, Camille a perdu la vie dans l’attentat sur la Promenade des Anglais. Mais cette journée, et aussi celle de l’immense déception que vient de lui causer cette information dans la presse : c’est désormais officiel. le musée-mémorial des victimes du terrorisme ouvrira ses portes à Paris ou dans sa proche couronne à l’horizon 2027.
« Ça a été un véritable coup de massue. De la violence, et pour moi, beaucoup d’irrespect. Lorsqu’on divulgue une telle information de cette façon, sans en avertir les principaux concernés, c’est-à-dire les victimes, c’est qu’il n’y a pas du tout de respect pour elles.
Le projet n’a pas été fait pour les victimes. Il a été fait pour les intellectuels qui font partie du comité mémoriel et pour les politiques qui gravitent autour. » Anne Murris, présidente de l’association Mémorial des Anges
Anne Murris avait initié un projet similaire à Nice, un an après l’attentat du 14 juillet. Elle a créé dans cette optique l’association Mémorial des Anges. Son but, l’ouverture d’un centre de la mémoire de tous les attentats commis en France et de la lutte contre la radicalisation.
Ce musée aurait pris place sur le site de l’ancien casino Jetée-Promenade détruit pendant la Seconde guerre mondiale.
Elle ne peut aujourd’hui s’empêcher de voir de grandes similitudes entre son projet de « Mémorial-Musée » à Nice, et le projet validé de « Musée-Mémorial » à Paris.
« En fait on se sent complètement dépossédés. A titre personnel, c’est un projet que je porte depuis quatre ans. Il fait partie de ma résilience.
Au grand maximum, il y a eu quatre ou cinq réunions avec les victimes. Le travail se fait entre les membres du comité mémoriel parisien. Et quand les réunions ont lieu, c’est pour nous présenter l’avancée de leurs travaux et acter ce qu’ils ont fait, mais en aucun cas nous ne sommes les décisionnaires. La trame de leur organisation reprend la trame du travail qui a été le mien. Donc c’est très violent. » Anne Murris
Anne Murris estime aujourd’hui qu’Emmanuel Macron est lui-même responsable de ces choix.
Mon adversaire est de taille. Ce n’est pas n’importe qui, c’est la présidence. Finalement si ils veulent que ce soit à Paris, faites-le à Paris. Mais ayez un geste : laissez-nous porter ce projet jusqu’au bout. Laissez-nous avoir cette dérogation de la loi-littoral pour permettre la reconstruction du casino de la Jetée-Promenade. Ca a de la symbolique au niveau local, national et international. Ca deviendrait un message mondial.
Anne Murris n’abandonnera pas son combat. En novembre dernier, sur la colline du château, elle a remis son projet en main propre au Premier ministre, et n’entend pas s’arrêter à des annonces officielles. Sa « résilience passe par la résistance ».
En septembre 2018 déjà, Anne Murris dénonçait les très nombreuses similitudes entre le projet parisien d’Emmanuel Macron et le sien.