Un espoir envolé. Il n’y aura finalement pas de musée-mémorial du terrorisme à Nice. La Ville de Paris a été choisie pour l’accueillir d’ici 2027. Ce monument inédit en France recensera l’ensemble des victimes et des actes terroristes perpétrés sur le sol national depuis 1974 et, mettra en avant la capacité de « résilience et de résistance » du pays a indiqué, mardi à l’AFP, le président du comité en charge du projet, Henry Rousso.
Au téléphone, Anne Murris reste un instant muette. La présidente de l’association Mémorial des Anges encaisse la nouvelle. « Vous venez de me l’apprendre », souffle, déçue, la maman de Camille, une des 86 victimes du 14-Juillet 2016.
Ce musée-mémorial, c’était son idée, défend-elle. « Je la portais depuis des années. C’est l’essence même de l’association qu’on a créée en 2017.« Plus qu’un projet, une mission. « Je refuse que ma fille soit morte pour rien. »
Anne Murris s’accrochait à son rêve : créer un centre de la mémoire et de lutte contre la radicalisation pour les victimes françaises du terrorisme ou sur le sol français ici, à Nice.
Elle imaginait un monument semblable à la Jetée-Promenade. Cette digue construite en 1882, face au jardin Albert-Ier, et détruite en 1944 par l’armée allemande. Comme une main tendue vers l’autre rive de la Méditerranée.
« J’avais préparé tous les dossiers, présenté le projet à tout le monde », assure-t-elle. Mais en 2018, Emmanuel Macron annonce la création d’un musée-mémorial à Paris. Anne Murris s’estime « spoliée ».
Mais elle ne baisse pas les bras. La mère de Camille se rend le 7 novembre à la cérémonie d’hommage aux victimes de l’attentat de la basilique Notre-Dame. Elle remet en mains propres le dossier de son projet au Premier Ministre, Jean Castex.
Quatre mois après, la décision est tranchée. Le musée-mémorial sera inauguré à Paris. La présidente de Mémorial des Anges se sent « trahie » et balance entre déception, chagrin, incompréhension et colère. « C’est de l’irrespect pour les victimes ! J’ai l’impression qu’on nous vole la mémoire des nôtres. Celle de ma fille ne doit servir aucune politique mais l’intérêt général, pour que personne ne vive ce que je vis au quotidien ! »
La décision lui fait mal. Encore plus qu’elle intervient à une semaine de la Journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme. « C’est une période difficile pour moi », confie Anne Murris qui veut poursuivre sa mission.
« Je suis en train de travailler sur un nouveau projet qui peut être mis en place rapidement à Nice. Un lieu de prévention de la radicalisation, pédagogique, en lien avec différents lieux de mémoire. J’ai demandé un rendez-vous à la Ville de Nice pour lui présenter » en exclusivité. « On m’a déjà spolié une première fois, pas deux. »