L’année de la distance – Hommage 14 juillet 2020

lu par Marek

Le risque est alors pour les victimes d’hier de subir une double peine : qu’un événement chasse l’autre et le relègue à l’état de mauvais souvenir.
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L’année 2020 demeurera celle de l’apprentissage de la distance.

Distance des corps bien sûr, mais aussi parfois des âmes et des sentiments qui les relient. En un temps très court, nous avons appris à tout faire de loin et à remodeler nos habitudes en profondeur. Des gestes aussi banals qu’un salut amical ont dû se réinventer pour ne pas devenir des actes à risque, aptes à mettre en danger n’importe qui.

Sans forcément pouvoir en prendre la mesure en temps réel, nous avons vécu des bouleversements considérables venus altérer notre manière d’être au monde. S’éloigner les uns des autres comme nous l’avons fait, n’est pas anodin. C’est hélas trop souvent, faire grandir les solitudes de chacun.

Pourquoi parler de cela ici ? Parce que pour les victimes et proches de victimes d’un acte terroriste, le COVID et ses conséquences ont un goût de déjà vu. C’est un bouleversement terrible qui soulève tout ce qui semblait stable et pérenne dans nos vies. On traverse alors un ouragan méthodique, qui laisse intact le décor, mais balaie tout le reste. Tout ressemble à ce qu’il y avait avant, mais rien n’est plus pareil. Les saveurs de la vie portent malgré elles les stigmates de la mort.

Le risque est alors pour les victimes d’hier de subir une double peine : qu’un événement chasse l’autre et le relègue à l’état de mauvais souvenir. Que les bonnes volontés de tous bords trouvent un nouveau combat plus actuel et délaissent l’ancien. Qu’au fond, les masques du COVID étouffent nos appels à la mémoire des victimes de l’attentat de Nice.

Heureusement, de la même manière que la douleur provoquée par un événement s’ajoute à celle d’un autre, les outils de résilience que nous avons déployé jusqu’ici demeurent utiles face aux maux d’aujourd’hui.

Depuis quatre ans maintenant, le message que nous portons ne s’est jamais restreint à celui de témoins d’un massacre : il est le cri d’alarme de citoyens refusant de voir de tels actes se reproduire. Il est l’affirmation sans détour qu’un vivre-ensemble se construit d’abord et avant tout sur une éducation solide, seul rempart aux dérives communautaires. Il est l’acharnement de femmes et d’hommes qui veulent que leur vie retrouve un peu de sens, y compris après de tels drames. Il est finalement le combat de tous ceux qui veulent rester digne lorsqu’ils se trouvent mêlés à ces moments tragiques de l’Histoire.

Le mouvement engagé dans les mois qui ont suivi le drame se poursuit donc et s’adapte aux enjeux de son temps. Nous continuons à nous battre pour qu’un Mémorial-Musée soit construit à Nice et nulle part ailleurs. Nous sommes les initiateurs de ce projet et nous le porterons jusqu’au bout, pour nous-mêmes, pour les victimes d’attentats et pour le peuple niçois marqué à jamais par ce 14 Juillet sanglant.

La distance qu’instigue ce virus dans nos vies ne nous éloignera pas de notre objectif. Au contraire, nous saurons en faire un nouveau moteur. Le monde de demain, celui où l’on savourera les retrouvailles et où l’on réapprendra le véritable contact, nous ferons tout pour qu’il soit le signal de départ de quelque chose de grand pour la mémoire de la Nation. Car nous en sommes convaincu : le Mémorial-Musée fera partie de ces monuments qui rassembleront durablement les français. Porteur de la mémoire des disparus, il nous rappellera combien il est triste de s’éloigner mais aussi et surtout combien il est beau de vivre ensemble.

écrit par Marek

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