Anne MURRIS, ne jamais oublier

Très vite une conviction m’a habitée : lutter pour la mémoire. Oublier revenait à trahir, me trahir et, pire que tout pour moi, trahir l’honneur de mon enfant. La mémoire est douloureuse mais l’oubli est insupportable. J’en ai fait mon combat.
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Le 14 juillet 2016, ma fille Camille Murris était assassinée sur la Promenade des Anglais à Nice. En l’espace de quelques heures ma vie a été anéantie. Comment allais-je pouvoir survivre sans mon enfant, moi qui avais tant souffert, corps et âme, pour pouvoir être mère ?
Mon errance, mon désarroi, ma souffrance ne m’ont pas aveuglée. L’amour pour ma fille m’a apporté une force et une lucidité extrêmement concrètes : personne ne devrait supporter une telle douleur.
Ainsi, je me suis sentie porteuse d’une responsabilité. Dès 2016, j’ai décidé de m’investir. Je voulais faire tout mon possible pour éviter de pareils drames. Pour ceux qui sont partis, pour ceux qui restent, et même pour ceux qui sont responsables. Car quelle mère n’aurait pas souhaité qu’on empêche son enfant de sombrer dans le terrorisme ?
Très vite une conviction m’a habitée : lutter pour la mémoire. Oublier revenait à trahir, me trahir et, pire que tout pour moi, trahir l’honneur de mon enfant. La mémoire est douloureuse mais l’oubli est insupportable. J’en ai fait mon combat. Mon objectif n’est pas juste que l’on se souvienne, mais de faire exister dans le présent les traces de ces abominations, et mettre la mémoire des victimes au service d’un modèle de société. Envoyer des messages d’espérance, un hymne à la vie pour EUX, pour NOUS, est devenu mon credo.
Pour les victimes du 14 juillet 2016, j’ai fait rayonner 86 faisceaux dans le ciel et contribué à l’édification d’un lieu de mémoire à Nice. J’ai aussi imaginé une aventure pour porter haut leur mémoire : 86 galets déposés dans la chaîne de l’Himalaya, chacun au nom d’une des victimes.
Pour toutes les victimes du terrorisme en France, je porte depuis 2016 le projet du Mémorial Musée, à Nice. Pour l’accueillir, reconstruire le Casino de la Jetée Promenade démantelé par les nazis permettrait de conjuguer notre résistance et notre résilience. C’est le sens de Mémorial des Anges, mon association.
Cet engagement est ma manière de participer au bien commun, de transcender ma souffrance et de vivre.
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