Si nous pouvions interroger les étoiles, aurions-nous accès aux vérités qui dispersent les
hommes depuis la nuit des temps?
De là-haut en tous cas, elles surplombent les petits espaces clos de chacun.
Qu’ont-elles vu le 14 Juillet dernier sur la Promenade des Anglais ?
Une soirée d’été au cours de laquelle des gens se rassemblent en nombre.
Une Fête Nationale où l’on célèbre en acte la diversité de ses racines, l’infinité de ses
branches. Un feu d’artifice comme on sait les faire à Nice. De la lumière, des couleurs,
des yeux qui brillent. De la contemplation.
Des petits sur les épaules de leurs papas, des mamans qui les aident à grimper et,
derrière eux, des mains qui s’étreignent en attendant la suite, sur la promenade de la vie.
Puis le ciel s’est obscurcit. En dessous de lui, le tonnerre remplaçait les éclats de feu et
l’orage démarrait, comme pour prévenir de quelque chose, comme si la nature annonçait
les folies de tout en bas. Mais les gens marchaient encore. Ils parlaient encore, riaient
encore, rêvaient d’un monde aussi juste que leurs joies simples.
L’horreur avait pourtant tranché pour eux, au mépris des étoiles que l’on voit depuis tous
les continents, lorsqu’on lève un peu les yeux.
Un camion a foncé dans la foule et a déchiré la France.
L’onde de la mort fut terrible, de quoi taire son propre écho. Nous ne trouverons jamais
les mots.
86 anges se sont envolés trop vite en plongeant la ville dans un silence figé, jusqu’au
creux des vagues de sa mer noircie.
Ce silence, nous l’entendons encore.
Que verrons les étoiles au-dessus de nos têtes ce soir ?
Une soirée d’été au cours de laquelle des gens se rassemblent en nombre.
Une Fête Nationale par laquelle on pleure la diversité de ses morts, l’infinité de ses
victimes.
Cette fois-ci, les personnes présentes auront du mal à rire et encore plus de mal à rêver.
Elles marcheront cependant dans la même direction, sur la promenade de ceux qui ont
perdu la vie.
L’an dernier, elles ont vu par où le ciel s’était obscurcit. Et elles ne sont pas dupes, les
Dieux des uns et les étoiles des autres n’ont rien à voir là dedans. Seule la folie des
hommes est à blâmer, enrôlée par des foyers de haine stériles.
Elles ont aussi vu d’où pouvait venir la lumière qui dissout les ténèbres dès qu’elle saisit
le courage et le cœur des hommes.
Elle n’a jamais changé de forme, mais il est bon d’en rappeler la teneur dans les temps
troublés.
La lumière provient toujours d’un dialogue franc, où l’on parle quand il faut parler. Où l’on
écoute, où l’on pardonne et où l’on hausse le ton parfois.
Elle s’appuie toujours sur une mémoire assumée grâce à laquelle on retrouve les traces
de nos vies communes.
Elle éclaire enfin un espoir éternel, celui dans lequel brille l’essentiel : des gens qui se
rassemblent, des enfants qui grandissent et le bruit tranquille des vagues.
Est-ce de la même lumière que sont-faites les étoiles ? Osons le croire.
Les 86 anges qui scintillent ce soir sont là pour en témoigner. »