Le combat d’une mère orpheline

A Nice, le traumatisme reste fort plus de 5 ans après l’attentat du 14 juillet qui a fait 86 morts. Rencontre avec Anne Murris, présidente d’une des associations de victimes, Mémorial des Anges. Une mère qui se bat pour qu’on n’oublie pas.
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Anne Murris est orthophoniste, elle nous reçoit dans son cabinet. Le 14 juillet 2016, elle a perdu sa fille, Camille, alors âgée de 27 ans. Depuis, elle a beaucoup de mal a retourner sur les lieux du drame. Cette douleur intime, Anne Murris a su la mettre de côté pour se lancer dans une démarche collective, en adhérant d’abord à une association de victimes, puis en fondant  sa propre association, Mémorial des Anges. Parce qu’elle refuse de toutes ses forces que sa fille et les autres victimes soient mortes pour rien.

« Nous refusons qu’il y ait eu autant de souffrance et que cette souffrance soit absolument inutile et vaine. Donc, c’est un travail que nous portons autour de la mémoire de toutes les victimes du terrorisme, françaises et sur le sol français, pour faire un travail de plus grande envergure qui a vocation à lutter contre le terrorisme et la radicalisation. »

Elle perçoit même le futur procès avant tout comme un travail de mémoire collective.

La grande idée portée par son association, c’est de créer un musée mémoriel à Nice, pour toutes les victimes du terrorisme. Une idée reprise par Emmanuel Macron mais pour l’installer… à Paris. Anne Murris se sent dépossédée.

« Nice n’était pas une localisation géographique aberrante. On sait que c’est une zone de passage très importante, qu’il y a des figures très importantes au niveau des mouvements djihadistes, qui sont parties en Syrie, qui était niçoises. Nice, d’autre part, est le berceau d’une culture. C’est le brassage au niveau de la Méditerranée, entre l’Orient et l’Occident. C’est compliqué quand vous êtes une victime, que vous avez travaillé autant d’heures, de mois et, pour moi, d’années, de voir ce qui est fait à l’heure actuelle de ce projet. C’est très douloureux. » 

Anne Murris n’a pas tout à fait renoncé à voir le musée s’installer à Nice, pour répondre aussi à son besoin de comprendre, jusqu’aux familles des djihadistes.

« Je pense souvent à ces mères qui ont des enfants qui ont été embrigadés dans ce genre de mouvements. Je sais la mère lionne que je suis et je sais que je me serais battue pour qu’on essaie de comprendre ce qui m’arrive. Je ne pourrai jamais pardonner ce genre d’atrocité, en tant que victime, mais il est important de comprendre et dans cette démarche, mon rôle associatif est essentiel pour moi. » 

 

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