Audition des victimes d’attentat, Assemblée Nationale

lu par Anne MURRIS

Le 21 septembre 2016, la commission des Lois de l’Assemblée nationale a créé une mission de suivi de la mise en œuvre des propositions de la commission d’enquête relative aux moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015. Elle a désigné aux fonctions de rapporteurs MM. Sébastien Pietrasanta et Georges Fenech. Dans le cadre de leurs travaux, les rapporteurs ont entendu des représentants d’association dans le cadre d’une table ronde à l’Assemblée nationale le mardi 12 décembre 2016.
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Merci, à  vous Monsieur le Président, merci  à vous Mesdames et Messieurs les députés de nous témoigner de votre solidarité et de nous donner l’occasion de nous exprimer devant votre commission d’enquête.
Depuis le 07/01/ 2015, 238 personnes ont perdu la vie sur le sol français suite à des attentats liés au  terrorisme djihadiste. Des centaines de blessés sont à déplorer. Des familles entières sont brisées à jamais.
Deux attentats de masse le 13 novembre 2015 et le 14 juillet 2016 nous ont plongé dans l’indicible, dans des traumatismes collectifs.
Notre pays est confronté aujourd’hui à une menace terroriste djihadiste d’une gravité extrême et sans précédent. La France semble être  la cible prioritaire de ce fléau.
Les assassins peuvent être des enfants nés dans notre pays.
Comment notre République a pu enfanter de tels monstres?
Comment a t-elle éduquer ses enfants?
Comment a t-elle transmis ses valeurs républicaines à sa population quelle que soit soit origine accueillie ou native?
Comment peut on réparer et pallier à ces failles? Au risque d’être passéiste ne devrait on pas mettre de la morale et de l’instruction civique dans nos programmes scolaires.
Nos adversaires semblent être partout et nulle part. Nos amis, nos voisins , nos collègues de travail peuvent être des activistes. Ils se recrutent dans nos quartiers, dans nos écoles, sur les réseaux sociaux  où ils diffusent  également leur propagande à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières.
Le risque zéro n’existe pas face à la menace terroriste. On sait que de nombreux attentats ont été évités. On sait que de nombreux individus impliqués d’une façon ou d’une autre dans des filières djihadistes ont été interpellés par la DGSI.
Mais, le nombre de ces attentats avortés , d’individus suivis pour leur implication dans des activités liées au terrorisme djihadiste ne peut que nous interpeller, nous obliger à nous questionner sur les précautions qui s’imposent sur l’ensemble du territoire national face à la crainte des attentats terroristes sur notre sol.
Les plus hautes autorités de l’Etat ont martelé à plusieurs reprises depuis les attentats du 13 janvier 2015 que nous étions en guerre. Ne devons nous pas nous interroger dans le cadre de cette «mission de suivi de la mise en oeuvre des propositions de la commission d’enquête relative aux moyens de mis en oeuvre par l’Etat pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015» sur :
– Comment combattre le totalitarisme islamiste?
 -La réponse de l’Etat est à la hauteur de la menace?
– L’arsenal juridique de prévention et de répression d’actes de terrorisme dont nous disposons est-il correctement appliqué?
– Ne doit on pas réfléchir à nos liaisons dangereuses avec certains pays?
  • Comment peut-on stopper ces recrutements et cette propagande sur les réseaux sociaux?
  • Quelle mesures préventives auprès des jeunes devons nous prendre?
– Est-on préparé au pire?
Notre association «Promenade des anges : 14 juillet» s’est donné entre autre pour mission de contribuer à l’amélioration de la sécurité en matière de terrorisme est ces interrogations nous tiennent à coeur.
Nous avons également pour objet  la recherche de la Vérité pour les circonstances de ce tragique évènement , le devoir de mémoire de cette tragédie et des personnes disparues, l’amélioration de la prise en charge et l’accompagnement des victimes et de leurs proches.
Nous souhaitons au plus profond de nous même que ces vécus douloureux concernant des dysfonctionnements ne soient pas que des souffrances inutiles et traumatisantes pour ceux qui les portent mais qu’ils servent à proposer et mettre en oeuvre des dispositions pour remédier à ce qui ne va pas et  épargner d’autres victimes.
Ce soir du 14 juillet les services de secours, les taxis de la ville ont fait preuve de professionnalisme, de dévouement, de solidatité.. Des établissement autour de la Promenade des Anglais ont accueilli dans leur enceinte des spectateurs de la soirée apeurés.
Dans cette épouvantable épreuve l’accompagnement par l’Etat a suscité des interrogations, présentés des faiblesses, des failles.
De nombreuses familles ont eu des difficultés à joindre la plateforme téléphonique de la CIAV dés la mise en place de cette dernière. Ce constat a suivi les jours suivants.
Pour certains d’entre nous le dispositif d’informations pour  rechercher les personnes disparues a été long, douloureux, incompréhensible, intenable. il s’est étalée sur plusieurs jours. Les plates formes téléphoniques et la cellule de crise installée à Gubernatis étaient incapables de donner des informations sur l’état et les lieux où se trouvaient nos proches. Il est difficilement vivable d’avoir pour seul recours et conseil de faire le tour d’une partie des hôpitaux du département à la recherche des victimes. Pour les familles toujours à la recherche de disparus , au bout d’ un laps de temps qui serait à déterminer avec les autorités sanitaires, ne pourrait on pas prévoir des unités d’accueil  traditionnelle avec médecin, interprètes, psychologues
qui pourrait prendre en charge la gestion de l’angoisse ?
Attendre 3 jours pour savoir qu’un proche est décédé est invivable . Certes, l’identification des corps ne peut être faite que par une commission d’identification présidée par un magistrat, au terme d’une procédure rigoureuse cadrée par des protocoles Interpol. Mais savoir à postériori que  des médecins traitants aient eu  cette information au bout de 48 heures est intolérable alors que les familles et les proches continuaient des recherches dans les hôpitaux. Pourquoi ne pas prévoir pour ces familles dés que la police judiciaire a une forte présomption du décès de la personne recherchée des cellules d’attente d’identification définitive du corps plutôt que de les laisser s’épuiser dans des recherches vaines en continuant de leur laisser une once  d’espoir.

Il convient de replacer l’humain au cœur de l’annonce du décès d’un proche. Comment peut-on proposer à des familles de voir le corps de leur proche pour leur dire dans la foulée que seules leurs mains sont visibles derrière une paroi vitrée. Certaines familles ne veulent pas ou ne sont pas encore capables de recevoir des détails  sur l’état de leur mort. Est-on dans l’obligation de donner ces informations? Dans le cas d’une réponse positive ces informations ne pourraient elles pas être faites par des psychologues encadrés par la PJ ,ou tout simplement par des officiers de la police judiciaire faisant preuve d’humanité. Certaines souffrance sont inutiles.

A ce jour la restitutions des effets personnels des personnes posent encore problème. Sont ils sous scellés ou ont ils été pillés? Il est à déplorer cette conduite immoral qui a conduit certaines personnes à mettre en vente des objets sur des vite de vente en ligne. Eu égard à l’état de certains corps la restitution que d’une partie des effets personnels, entre autre de bijoux, se posent. Quelque soit l’état de ces deniers ils peuvent revêtir une valeur familiale ou symbolique pour les familles. La non restitution de leur totalité pose  la question d’un dépouillement par des personnes habilités à intervenir sur la scène du crime ou d’une négligence qu’en à l’étiquetage de ces biens.en contact direct avec les corps.

Le respect des victimes passe également par la protection de la diffusion de leurs images et de reportages choquants dans les médias. La violence des images diffusée ce soir là, surtout pour les personnes ayant perdu un proche est immonde. Le droit à l’information est essentiel mais il ne peut primer sur la protection de la dignité humaine et à leur douleur. Les circonstances particulières ne peuvent pas expliquer à elles seule une erreur de jugement. La course au sensationnel semble être plus opportune. Le CSA doit renforcer un code de déontologie et des sanctions ne doivent pas être exclus pour ces médias. Contribuer à ces diffusions d’images, les laisser sur la toile, les partager outre le manque ce respect peuvent contribuer à une médiatisation malsaine et meurtrière recherchée par ces assassins. Par la diffusion d’images macabres jubilatoires dans ces mouvements djiadiste on devient le relai involontaire de leur propagande.

Aucune indemnisation ne pourra remplacer l’absence des nôtres. Tant est qu’il faille la quantifier que penser d’une barémisation de 30. 000 ou 35. 000 euros pour la perte d’ enfant. Les fonds du FGTI se sont pas illimités, mais chiffrer  de la vie d’un enfant au prix d’une voiture ou de 3 ou 4 mois du salaire du coiffeur d’un président est scandaleux. Rappelons que la valeur de la vie en France, prise en référence par le ministère de l’économie pour guider les décideurs est estimée 3 millions d’euros.

Avec les attentats de Nice nous avons compris que nos jeunes populations pouvaient être  directement impactées par cette abomination. Il serait opportun que cette population bénéficie d’un encadrement privilégié tant au niveau du suivi psychologique que scolaire. Nous savons que certains traumatismes peuvent se manifester plusieurs années plus tard . Il serait opportun de privilégier cette population à risque. Il pourrait être envisageable de mettre en place un programme de dépistage de cette population enregistrés dans des bases de données. Des courriers d’invitation personnalisé pourrait être adressé aux familles pour des dépistage .

Ces enfants pourrait bénéficier d’aménagement au niveau de leurs examens ou concours à leur demande ou celles de leur famille l’année en cours. Il serait regrettable de les voir en situation d’échec et leur infliger une double peine. Des plans d’aide individualisé pourrait être mis en place , les psychologues scolaires pourraient être tenu à une vigilance envers ces élèves.

Exploiter la souffrance des victimes, de leur famille de leurs proches est immoral, inconcevable. Avec les fausses victimes qui escroquent le FGTI la justice doit être sévère, intraitable.

Les polémiques politiciennes blessent les victimes, leurs familles, leurs proches. Nos morts ne sont pas encore enterrés que nos représentants locaux, régionaux et nationaux se fustigent sur la place publique. Lutter contre le terrorisme c’est savoir aussi rester unis, solidaire pour faire bloc contre nos ennemis. C’est savoir laisser de côté des intérêts de partis pour parler d’une seule voix et nous permettre de trouver des solutions pour avoir le droit à la vie dans notre Monde. La justice , les commissions d’enquêter feront leur travail et nous éclaireront sur les dysfonctionnement et  les responsabilités des uns et des autres.

écrit par Anne MURRIS

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