Le projet du « Mémorial-Musée » est né un an après l’attentat du 14 juillet 2016 de Nice, porté par une association de victimes, « Mémorial des Anges ».
Après l’attentat du 14 juillet à Nice, elle était devenue un visage familier. Anne Murris est la maman de Camille décédée lors de cette terrible attaque.
Un an après le drame, elle a l’idée de créer un « centre de la mémoire et de lutte contre la radicalisation » pour les victimes du terrorisme, celles tombées sur le sol français et les victimes françaises à l’étranger.
Inspiré du Mémorial du 11 septembre à New-York ou du musée Yad Vashem à Jérusalem, ce « Mémorial-Musée » aurait pour mission de perpétuer la mémoire des victimes et de mener un combat pour la défense de valeurs universelles.
L’association « Mémorial des Anges » est créée pour permettre de structurer le projet dont l’objectif est le devoir de mémoire autour des attentats, la lutte contre la radicalisation et la défense des valeurs républicaines et démocratiques.
Les membres d’un « comité mémoriel » réfléchissent à la création d’un musée à Paris en mémoire des victimes touchées par les attentats en France. Le projet est placé sous l’égide de la délégation interministérielle d’aide aux victimes.
Anne Murris avait dénoncé alors la similitude des projets : « il n’est ni plus ni moins que celui que nous portons avec notre association « Mémorial des anges » depuis 18 mois. Sur 15 points développés, 9 sont identiques ».
Même si le projet a le soutien de la municipalité, «il est difficile de faire entendre sa parole… on vous regarde souvent comme si vous n’avez pas de légitimité». Mais elle peut compter sur les membres fondateurs de l’association : le père de sa fille, son ami, Marek Andrieu et Cindy Pellegrini, qui a perdu six membres de sa famille lors de l’attentat.
Durant l’année qui vient de s’écouler, les soucis personnels n’ont pas épargné Anne Murris. Mais lorsqu’elle prend connaissance de l’attaque de la basilique Notre-Dame à Nice, après la tristesse et la souffrance, une force intérieure se réveille en elle. Elle veut relancer le projet, car il ne s’agit pas uniquement de mémoire.
Dans le « Mémorial-Musée » elle imagine un centre de documentation avec une forte vocation pédagogique. Objectif : faire de la prévention de la radicalisation et du terrorisme.
Anne Murris prend son courage à deux mains, et saisit le dossier de son projet ; elle veut le remettre à Jean Castex, en mains propres. Les responsables du protocole tentent de la dissuader, le Premier ministre n’a pas le temps. Mais après la fin de la cérémonie, elle réussit à se glisser auprès de lui, échange quelques instants et lui glisse le document.
Elle redescend de la colline avec la satisfaction d’avoir rempli sa mission, apporter une pierre à l’édifice, celui du futur Mémorial-Musée, et celui de la paix qu’elle appelle de ses vœux, elle qui n’est toujours pas retournée sur la promenade des Anglais.